Les oiseaux migrateurs perdent-ils leur boussole ?

Le Mercredi 9 mai 2018


Crédits : Patrick Boudarel

Par définition voyageurs et sans frontières, les oiseaux migrateurs sont touchés d’une manière particulière par le changement climatique et les activités humaines. La Journée mondiale des oiseaux migrateurs, le 10 mai, est l’occasion de montrer les bouleversements auxquels ils sont confrontés depuis quelques années. Les hirondelles témoignent des difficultés rencontrées par ces espèces.

Les oiseaux migrateurs : un long chemin, de nombreux obstacles

Chaque printemps, nous attendons leur retour. Partis de longs mois, la plupart de ces oiseaux migrent des zones de reproduction situées au nord pour passer la mauvaise saison dans des aires d'hivernage, généralement situées au sud, où la nourriture et les conditions climatiques sont plus favorables. Ce sont de véritables marathoniens. Le coucou et l’hirondelle peuvent ainsi parcourir de 8 500 à 10 000 km. Or, c’est un voyage très périlleux qui expose les animaux à un large éventail de menaces, souvent causées par les activités humaines. Comme les oiseaux migrateurs dépendent d'un réseau d’habitats favorables tout au long de leur voyage, la perte ou la dégradation des sites d'hivernage et des haltes migratoires a un impact dramatique sur leurs chances de survie. Ces déplacements considérables supposent le franchissement de nombreuses frontières entre des pays appliquant des politiques environnementales, une législation et des mesures de conservation différentes. La coopération internationale entre les gouvernements, les ONG et les autres parties prenantes est donc nécessaire sur l'ensemble des voies de migration d'une espèce afin que les connaissances puissent être partagées et les efforts de conservation coordonnés. Le réchauffement climatique bouleverse également les dates de migrations. Certains oiseaux migrateurs reviennent de plus en plus tôt et repartent parfois plus tard, voire changent complètement leurs habitudes. Par exemple, de plus en plus de balbuzards pêcheurs, rapaces qui se nourrissent de poissons, hibernent en Espagne ou restent en France au lieu d’aller en Afrique de l’ouest. Les hirondelles sont présentes de plus en plus tard en automne et des cas d’hivernage complet dans l’Hexagone ont été relevés.

70000 km C’est la distance que peut parcourir la sterne arctique (Sterna paradisaea), lors de son voyage de migration annuelle.

En France… zoom sur l’hirondelle

Les hirondelles vivent des périodes difficiles chez nous. Les populations sont en déclin depuis 25 ans, de 42 % pour l’hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) et de 8 % pour l’hirondelle rustique (Hirundo rustica). La première cause est la destruction des sites de nidification, liée aux rénovations de bâtiments anciens, à la construction de façades trop lisses, à la disparition des étables et des granges... La diminution des ressources alimentaires aggrave le problème : les hirondelles se nourrissent exclusivement d’insectes capturés en vol – mouches, moustiques, abeilles… Or, ils se font de plus en plus rares, en particulier à cause de l’usage des pesticides.

Les hirondelles en France

Les hirondelles en France

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Les populations d'hirondelles sont en déclin depuis une trentaine d'années en France métropilitaine. Le manque de nourriture, les pesticides et la destruction de leurs habitats sont les principales causes de ce déclin. Pour y remédier, il faut créer et installer des hôtels à insectes, entretenir des jachères fleuries, installer des nichoirs et assurer un suivi des populations.

L'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs

L’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) est un traité intergouvernemental destiné à la conservation des oiseaux d’eau migrateurs et de leurs habitats en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie centrale, au Groenland et dans l’archipel canadien.

Élaboré dans le cadre de la Convention sur les espèces migratrices (CMS) et géré par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’AEWA réunit les pays et la grande communauté internationale de la conservation visant à établir une conservation et une gestion coordonnées des oiseaux d’eau migrateurs dans l’ensemble de leur aire de migration. 

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