Vêtements et uniformes professionnels : naissance d'une filière de recyclage

Le Mardi 4 septembre 2018


Crédits : A. Bouissou / Terra

Que deviennent les casquettes des contrôleurs de trains, les cravates SNCF et les écussons de gendarmerie ? Les vêtements professionnels doivent subir un traitement spécial quand ils ne sont plus utilisés. Pour leur assurer une fin de vie plus respectueuse de l’environnement, une nouvelle filière de collecte et de traitements dédiée, FRIVEP, est en cours d’expérimentation.

Éviter le gâchis de matière

« Les vêtements professionnels véhiculent l’image d’une entreprise et d’une fonction, rappelle Michel Lopez, référent économie circulaire et déchets à la direction du développement durable de la SNCF et vice-président de l’association d’entreprises Orée. Ils ne peuvent être ni assimilés ni collectés avec les vêtements dits domestiques dans les bacs de la filière textile grand public. La sécurité publique est en jeu. »  Outre les questions d’image et de sécurité, les facteurs économiques et environnementaux  entrent également en ligne de compte :  « À la SNCF, certains vêtements techniques de protection et de sécurité des agents coûtent cher à l’achat  et, par ailleurs, la réglementation sécurité santé au travail nous impose de les retirer de la circulation après un certain nombre de lavages ; en fin de vie, leurs caractéristiques techniques voire leur conception, les rendent difficiles à recycler d’où l’idée de tester d’autres formes de valorisation et  de sortir de l’incinération systématique, ce qui constitue un  gâchis de matière et de savoir-faire ».

À l’initiative de la SNCF et au sein du club métier d’Orée « Valorisation des mousses & Textiles », l’idée est née d’un projet de création d’une filière de réemploi ou recyclage industrielle des vêtements professionnels (FRIVEP), en réunissant des donneurs d’ordre – les ministères des Armées et de l’Intérieur, la Poste, la Ville de Paris, l’École du ski français, GRDF – et des industriels. Michel Lopez en est le coordinateur technique.

Matières primaires secondaires

Quelles solutions alternatives à l’incinération le projet FRIVEP pourrait-il proposer pour ces tenues professionnelles dont la qualité est reconnue ? Une expérimentation sur 15 mois va consister à caractériser, trier les vêtements par matière et par couleur puis à les démanteler (enlever les points durs) avant de les envoyer pour traitement chez les industriels pour des essais spécifiques et définir des usages futurs de ces matières, jusqu’alors inutilisées. Les usages possibles actuellement répertoriés sont l’intégration dans des feutres isolants, le fil recyclé, les chiffons d’essuyage industriel, le rembourrage…

Certains vêtements pourront faire l’objet d’un réemploi au profit d’associations caritatives lorsqu’ils ne sont pas directement associés à une structure et une fonction. Dans ce cas seulement et sur demande du donneurs d’ordre, ils pourront  être portés de nouveau après une sélection basée sur l’état du vêtement.

 L’upcycling, ou transformation de la matière en nouveaux produits, constitue aussi une niche de  débouchés, en partenariat avec l’entreprise Bilum, membre du projet FRIVEP.

 « Nous voulons prouver que l’on peut obtenir une matière secondaire de qualité en complément des chutes de production – matière neuve – des industries textiles majoritairement implantées en Asie ou dans la zone Euro-Méditerranée. Certains vêtements professionnels sont fabriqués avec des fils de très haute qualité, il serait préférable de valoriser leur matière à ce stade de la fin de vie », souligne M. Lopez.

Engagement pour la croissance verte

Déjà sensibilisés et engagés dans des réflexions sur l’économie circulaire au sein d’Orée, la SNCF et les autres donneurs d’ordre ainsi que les industriels partenaires ont décidé de s’engager volontairement, en l’absence de filière à responsabilité élargie du producteur (REP) pour les vêtements professionnels. Leur démarche, portée par l’association Orée, a reçu l’appui des ministères de l’Industrie et de l’Écologie avant d’être labellisée Engagement pour la croissance verte en avril 2016.

Après une phase d’études de faisabilité, de recensement des gisements et des circuits logistiques, FRIVEP est entrée depuis juin 2018 dans sa phase expérimentale pour une durée de 15 mois avec comme mandataire opérationnel sur le site Synergies, une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS) spécialisée dans le tri des vêtements. À l’issue de cette phase d’expérimentation, l’objectif de la démarche sera de lancer une production à l’échelle industrielle avec de nouveaux emplois à la clé dans les secteurs de l’ESS et des métiers du tri.

FRIVEP en chiffres

7 donneurs d’ordre

6 partenaires industriels

15 mois d’expérimentation prévus

Une vingtaine de tonnes de vêtements caractérisés et traités dans la phase expérimentale

FRIVEP en images

Fin de service

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