Discours d’Elisabeth Borne - Rentrée solennelle de la promotion « Jacques Saadé » de l’ENSM - Marseille – Jeudi 5 septembre 2019

Le Jeudi 5 septembre 2019

Monsieur le ministre,
Mesdames et messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Madame la Présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Président Directeur Général du groupe CMA-CGM,
Madame la directrice générale déléguée,
Monsieur le Président du Conseil d’Administration de l’ENSM,
Mesdames et Messieurs,
Chers élèves,

 

Votre rentrée solennelle à l’Ecole nationale supérieure maritime est placée sous les meilleurs auspices.

Votre promotion porte en effet le nom d’un visionnaire, d’un amoureux de la mer, d’un grand capitaine d’Industrie, Jacques SAADE.

L’histoire de Jacques SAADE est connue mais il faut la rappeler.

C’est l’histoire d’un homme déterminé qui a puisé dans le déchirement d’un exil, l’esprit de conquête qui fait les grandes entreprises.

C’est celle des débuts audacieux de la Compagnie maritime d’affrètement, la CMA, de son navire, ses quatre salariés, sa ligne unique.

C’est celle désormais du troisième groupe mondial du transport maritime, le groupe CMA-CGM, présent sur 5 continents, 420 ports, riche de 30 000 collaborateurs dont 3 000 ici, à Marseille.

C’est aussi l’histoire d’une famille, Cher Rodolphe, Cher Tanya résolument tournée vers l’avenir.

Celle d’un groupe désormais présent sur toute la chaine logistique pour offrir les meilleurs services de ses clients.

Celle aussi et surtout celle d’un groupe résolument tourné vers l’avenir et pleinement conscient des défis qui nous sont posés.

Chers élèves,

Si je suis ici ce matin, ce n’est pas seulement parce que, Ministre chargée de la Mer, j’ai la fierté d’assurer la tutelle de votre école, c’est aussi parce que Ministre de la Transition écologique et solidaire je sais, comme vous, que le défi d’aujourd’hui c’est l’urgence climatique, la préservation de notre biodiversité et que l’avenir pour le transport maritime c’est la transition écologique.

Oui, le transport maritime a une empreinte sur notre environnement.

Dans la crise écologique que nous traversons, il porte une part du problème et je suis convaincue qu’il est aussi une part de la solution.

Disons-le clairement : il n’y aura pas de transition écologique sans le transport maritime.

Il a toute sa part à prendre car, il assure 90 % du transport mondial de marchandises, en pleine croissance, et représente 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour tenir l’objectif de l’Accord de Paris, ce qui est un impératif, nous avons besoin de réduire cet impact, et nous avons besoin de vous.

Oui, le transport maritime doit se transformer comme le reste de nos économies, pour être plus vert, plus respectueux de la biodiversité, de la santé, de la planète.

Parce que nous sommes dans cette tour, dans laquelle j’avais eu le plaisir de venir il y a quelques mois, je voudrais saluer deux engagements majeurs du groupe CMA CGM :

  • Le premier quand, dès 2017, vous avez engagé la transition de votre flotte avec la commande de 9 neufs porte-conteneurs GNL. C’est la voie de l’avenir, car oui, demain les navires seront électriques ou propulsés au GNL.
     
  • Le second, il y’a quelques jours seulement, quand, à la veille du G7,  vous avez  renoncé à utiliser la route maritime nord. Cette route qui réduit de 40 % le trajet entre Shanghai et Rotterdam.

Avec cette décision, vous avez affirmé qu’il y a plus à gagner que du temps. Pour protéger l’Arctique et sa biodiversité, les grands groupes ont une responsabilité singulière.

Responsabilité, engagement, confiance. Voilà les trois piliers auxquels je crois pour la transformation du secteur.

La charte Sails signée par les armateurs et les croisiéristes français en marge du G7 de Biarritz en est un bel exemple.

Vous armateurs, vous vous êtes engagés à aller plus loin que les normes fixées, en réduisant la vitesse, en développant les branchements électriques à quai ; en utilisant des carburants alternatifs ou des filtres à fumées.

C’est une responsabilité exemplaire, qui fait l’honneur de votre filière et la fierté de la France.

Je vois dans ces engagements  la preuve que quand l’Etat travaille main dans la main avec tous les acteurs pour co-construire les solutions. Cela donne des résultats concrets.

Je vois aussi dans ces engagements qui placent la France au rang des précurseurs, le pavillon français à celui de pionnier, une invitation forte à poursuivre sans relâche nos efforts, aux côtés du Président de la République et avec l’ensemble du Gouvernement, pour porter cette ambition au niveau mondial.

Vous le savez en effet, lorsqu’il s’agit de transport maritime, le bon niveau d’action est mondial. C’est pourquoi le Gouvernement a soutenu et porté plusieurs mesures ambitieuses. Et, nous continuerons de le faire avec plus de détermination que jamais.

  • D’abord, la première stratégie de l’Organisation maritime internationale (OMI) adoptée en 2018 nous fixe un cap clair. La diminution de 50 % des émissions de gaz à effet de serre du transport maritime, d’ici à 2050. C’est dans ce cadre que nous avons déposé, en mai dernier, une soumission préconisant la diminution de la vitesse des navires vraquiers.
     
  • Nous continuerons à porter cette mesure jusqu’à son adoption par la communauté internationale. Aller moins vite, c’est le meilleur moyen de diminuer immédiatement les émissions de CO2.
     
  • Nous avons également porté l’abaissement de la norme mondiale de souffre des carburants marins à 0,5 %, contre 3,5 % aujourd’hui. Cette mesure sera en vigueur au 1er janvier prochain. C’est une victoire pour la planète, c’est aussi une victoire pour la santé humaine, et les habitants de Marseille le savent bien.
     
  • Enfin, contre ces pollutions, il nous faut aller encore plus loin. Nous soutenons la création d’une zone à faibles émissions, une ECA, en Méditerranée dans laquelle la teneur en soufre ne pourrait excéder 0,1 %. Cela existe en Manche-Mer-du-Nord depuis déjà 8 ans. Nous soumettrons cette démarche à l’OMI avant la fin 2020.

S’il faut se battre, car c’est toujours une bataille, à l’international, il faut aussi être exigeant chez nous. Cet engagement pour inventer un transport maritime vert doit s’incarner dans nos ports.

  • Je serai tout à l’heure sur le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Premier port français qui s’engage à ce niveau, avec le soutien des collectivités, Cher Renaud, Chère Martine,  dans le branchement électrique à quai pour alimenter les navires de commerce. 100 % des quais électrifiés, c’est là aussi un engagement  fort pour le climat et pour la santé des marseillais. C’est un beau défi que nous devons relever ensemble pour les Jeux Olympiques de 2024.
     
  • Je suis fière de la mobilisation des pouvoirs publics pour être à la hauteur de l’enjeu. L’écologie, ce sont les ports bien sûr, mais aussi les collectivités territoriales qui les accueillent et, évidemment, l’Etat. Son premier rôle doit être d’assurer la clarté et la stabilité.

C’est pourquoi la loi mobilités, que vous défendez désormais au Parlement cher Jean-Baptiste, prévoit de clarifier le statut juridique des opérateurs d’infrastructures de recharge et de fourniture d’énergie pour l’alimentation à quai électrique.

Cap clair et stable,
Mobilisation collective,
Engagements fermes,
C’est la méthode à laquelle je crois pour relever les défis que pose la crise écologique.

Chers élèves,

Toute sa vie, Jacques SAADÉ a dépassé la nostalgie de l’exil pour construire un empire.

Fidèle à  « sa ville de cœur », Marseille, il a répondu à l’appel du large.

Cet appel, vous l’avez entendu vous aussi.

C’est pour cela que je tenais à être avec vous ce matin.

La mer, et le parcours de tous ceux qui vous entourent en témoigne, c’est une histoire de vocation et de passion.

C’est une passion éminemment française aussi.

Parce que notre pays dispose de la deuxième surface maritime mondiale, parce que sa vocation maritime est inscrite dans son ADN : nous avons une responsabilité maritime particulière.

Cette responsabilité repose désormais sur vous.

Comme beaucoup de celles et ceux de votre génération, marin ou non, vous avez une exigence écologique. C’est une force pour la ministre que je suis.

Parce que l’écologie de demain repose sur vous, nous vous devons la meilleure formation.

C’est notre ambition, que l’ENSM soit une référence internationale.

Pour y parvenir, le Gouvernement a souhaité donner un nouvel élan à l’école.
L’internationaliser, l’ouvrir sur la recherche. Moderniser ses différents sites. Créer des partenariats avec d’autres écoles.

Cette ambition de formation, vous la partagez, Cher Rodolphe, en implantant ici, à Marseille, votre centre de formation mondial : CMA-CGM Academy.

 

  • un port plus vert pour un trafic maritime soucieux de l’environnement et de la biodiversité ;
     
  • une école d’excellence ;
     
  • un centre mondial d’un des plus grands armateurs.

Par l’engagement de tous, Marseille, conforte sa place de « carrefour de la Méditerranée ».

Ce n’est pas un hasard si le congrès mondial des amis de la nature, l’UICN, se tiendra ici l’année prochaine, et fera de Marseille la capitale de la biodiversité mondiale.

C’est mérité et je vous y donne rendez-vous.

Mesdames et Messieurs, Chers Elèves,

Les navires sont indissociables des plus grandes aventures humaines.

Ils ont aidé l’Homme à se dépasser.

La transition écologique, c’est le défi de notre temps.
Une fois de plus, il s’écrira sur nos mers.

Cette transition est l’affaire de tous. Des plus grands armateurs, aux plus jeunes élèves: tous vous avez, nous avons, notre rôle à jouer.

En 2013, Jacques SAADE avait inauguré, le Jules Verne.

Ce jour-là, il avait emprunté les mots de l’écrivain pour tracer ce qui est une leçon à méditer, à tout âge.

« Rien ne se fait de grand qui ne soit une espérance exagérée ».

Ces mots de Jules Verne, je les reprends à mon compte pour vous inviter, vous futurs Officiers de la marine marchande, ou ingénieurs maritimes,  à l’audace, la lucidité et la détermination.

Bon vent et bonne mer !

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi

Contact presse : 01 40 81 78 31

 

 

 

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