6 lauréats distingués pour le palmarès des jeunes urbanistes

Le Vendredi 31 juillet 2020

Réuni le 12 juin 2020, à l’initiative d’Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement. Le jury du Palmarès des Jeunes urbanistes a choisi de distinguer 6 lauréats sur les 61 candidatures reçues. Les diplômes leurs seront remis à la fin de l’année 2020 à l’occasion de la célébration du Grand prix de l’urbanisme.

Ce palmarès traduit la diversité des profils des jeunes professionnels de la sphère de l’urbanisme, souvent constitués en équipes ou collectifs. Ainsi, les professionnels issus de l’architecture ou du paysage (FCML, Altitude 35,) voisinent avec des collectifs déjà ancrés dans le paysage professionnel français (Bellastock, Yes We Camp). Des représentants de la stratégie urbaine et de l’ingénierie de projet (Le Sens de la Ville) ou de la permanence architecturale et urbaine et de la programmation ouverte (Sophie Ricard) complètent la promotion.

Cette année, le palmarès ambitionne de devenir un espace-temps de débat sur les territoires. Aussi, dès l’automne prochain, les lauréats vont organiser, avec l’appui de la DGALN, des rencontres sur leurs terrains d’action et avec les acteurs locaux. Elles permettront de se pencher sur les réalités territoriales qu’ils accompagnent, au cœur de métropoles, villes moyennes ou territoires ruraux. Ils nous feront découvrir les leviers astucieux que souvent ils co-élaborent localement pour remédier aux angles morts conceptuels mais surtout opérationnels. Seront au cœur des débats, les questions fondamentales sur lesquelles ils travaillent : la qualité de l’espace public urbain notamment des grands ensembles et des périphéries de ville, les friches urbaines et leur reconversion, ou encore l’émergence de projets dans le périurbain. Toutes les formes d’intervention qu’ils proposent sont en lien avec la préservation des sols, l’urgence climatique et la création de biens communs. Ces professionnels confirment que les approches paysagères, écologiques, culturelles et sociales sont aujourd’hui au cœur de leur pratique et qu’elles constituent le champ large de l’urbanisme.

Les lauréats

Altitude 35

Clara Lokkal, Benoît Barnoud

Fondé en 2017, c’est l’altitude de leur atelier sur le canal Saint-Denis qui sert de nom à Altitude 35, coordonnée géographique essentielle qui leur sert à introduire tous leurs projets. Paysagistes (Benoît Barnoud est également architecte) ayant fréquenté de grandes agences françaises, nourris des figures tutélaires du paysage français (Forestier, Sgard, Corajoud), enseignants, ces deux jeunes professionnels ont construit leur approche notamment grâce au concours Europan mais aussi le dispositif de l’Atelier des territoires. Concevant le projet comme une possible réconciliation des géographies physiques et humaines, un pied dans la recherche, l’autre dans l’action, faisant de l’observation et de l’expérimentation les préalables indépassables à tout passage à l’acte, altitude 35 tente de cerner l’apport du paysage au débat de la ville. La transformation des territoires « composites » tel que le campus de la Bouloie, à Besançon est au cœur de leur approche.

Bellastock

Collectif

Apparu en 2006, monté en association en 2010, finalement constitué en 2019 en Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), Bellastock s’est affirmé avec les années comme une référence en matière de réemploi de matériaux et d’urbanisme de transition. Explorer et développer une nouvelle manière de penser et de fabriquer la ville et ses paysages est au cœur d’une approche qui allie recherche, formation et projets pédagogiques. Connu par une génération d’étudiants pour leurs workshops-évènements, Bellastock a construit une expertise et une méthode de projet stimulant les pratiques émergeantes par leur capacité de recherche et de réalisation d’études ciblées sur les filières de construction et le métabolisme urbain. A la demande du Ministère de la Culture et en lien avec les écoles d’architecture d’Île-de-France, Bellastok porte un CAAP (Cluster Art, Architecture, Paysage, Patrimoine), atelier d’expérimentation à l’échelle 1 :1 à Evry-Courcouronnes.

FCML

Mathilde Luguet, Florian Camani

Fondé en 2017, FCML regroupe deux architectes bordelais. Leur cheval de bataille : redonner des qualités aux tissus diffus existants pour les adapter aux enjeux contemporains et à l’urgence écologique. Le déjà-là est, dans leur pratique, un vecteur de singularité qui leur permet d’explorer les « territoires de marges » avec une économie de moyens revendiquée, ainsi qu’avec un souci constant de préservation des ressources. Faisant de la transparence du processus de projet la condition de son appropriation locale, l’immersion dans les réalités des territoires via des résidences plus ou moins longues est logiquement venue enrichir leur méthode de compréhension des lieux. Oscillant entre projet (notamment suite à un Europan lauréat à Angers) et recherche (arpentage dans les tissus pavillonnaires Nord-américains). Cette équipe a installé une résidence d’architectes à Saint-Marcellin (Isère) pour explorer les mécanismes de transformation de l’habitat vacant et l’évolution du patrimoine ordinaire en territoire rural, tout en abordant les leviers culturels et les verrous institutionnels.

Le Sens de la ville

Fanny Rahmouni, Sonia Dinh, Flore Trautmann, Vincent Josso, Daphné Lecointre et Lucille Gréco

Issue de la géographie, des sciences politiques et de l’architecture, l’équipe s’est constitué en SCOP à partir de 2016. Se penchant sur les stratégies urbaines (notamment en matière d’urbanisme transitoire) et sur la mise en usage de nouveaux quartiers (notamment sur l’île de Nantes pour la SAMOA), cette équipe d’urbanistes évolue à cheval entre conseil, programmation, ingénierie de projet et participation des habitants. Elle s’est également lancée dans le projet de foncière solidaire « Base Commune » (avec Plateau Urbain) doublé d’un blog baptisé « rez-de-chausseur », afin de se donner les moyens de passer à l’acte sur un sujet complexe : l’activation des rez-de-chaussées pensés avec une communauté de quartier. Sur l’île de Nantes, projet urbain emblématique à l’échelle nationale, l’équipe propose notamment de mettre en débat la mise en usage des quartiers neufs et la capacité des aménageurs à revenir sur l’ouvrage, plaçant l’évaluation des projets urbains récents au cœur d’une discussion regroupant l’ensemble des acteurs de la chaîne de production de la ville.

Sophie Ricard

Dans les années 2000, aux côtés de Patrick Bouchain et l’agence Construire, elle mène des expériences fondatrices de réhabilitation de quartiers en vivant sur les lieux des projets avec les habitants (Boulogne-sur-Mer et Tourcoing). Sophie Ricard trace ainsi une voie à la fois personnelle et inspirante pour sa génération, montrant une manière inédite de pratiquer le projet architectural et urbain. Cette « Architecte-urbaniste-AMO », qui a fait l’expérience de « construire en habitant » est également enseignante (ENSA Bretagne) et engagée dans la Preuve par 7 qui explore la notion de programmation ouverte. S’autoriser à expérimenter sur le long terme tout en accueillant l’immédiateté des besoins sociétaux, pratiquer des « études de faisabilité en actes », construire des ateliers publics d’urbanisme au cœur des quartiers en mutation tout en questionnant la norme et les dispositifs habituels d’action sont parmi ses valeurs cardinales. Voulant faire de la permanence architecturale et urbaine un outil au service des populations des territoires les plus fragiles, elle se démarque d’un urbanisme transitoire devenu classique.

Yes We Camp

Collectif

Actif depuis 2012 et devenu une référence pour les acteurs de l’urbanisme transitoire, Yes We Camp regroupe 87 collaborateurs permanents orientés par un conseil d’administration collégial composé de 15 membres, dont 8 d’entre eux ont porté la candidature à ce palmarès. Entre architecture, art, urbanisme, paysage, construction, coordination, direction technique, cuisine, programmation culturelle, bar, régie de site, communication, agriculture urbaine, conception, formation et accompagnement, ce collectif-association aborde toutes les facettes de la vie urbaine. Par l’utilisation des ressources spatiales disponibles dans les métropoles, Yes We Camp ambitionne, sur le plan du projet urbain, de contribuer à la construction de villes européennes capables de confiance, accueillantes et fabricantes d’altérité, fertiles en productions locales de services et de biens. Leur méthode d’investissement de sites disponibles sur une durée limitée suit une approche contextuelle qui mobilise une pluridisciplinarité posée en condition du projet, tout comme le travail collectif et les partenariats.

Le jury

Le Président

Jean-Baptiste BUTLEN, sous-directeur de l’aménagement durable à la DGALN

Les membres

Marie Douce ALBERT, journaliste, Le Moniteur

Clément BOLLINGER, agence Caudex, (lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2018)

Paul CITRON, Plateau urbain (lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2016)

Marie-Hélène CONTAL, Cité de l’architecture et du patrimoine

Fabienne FENDRICH, Service de l’architecture, ministère de la Culture

Sylvain GRISOT, agence Dixit.net

Guillaume HEBERT, Une fabrique de la ville (lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2007)

Jean-Baptiste MARIE, PUCA

Sandra MARSAUD, Députée de la Charente

Hugo REVEILLAC, Président du Collectif National des Jeunes Urbanistes

Marie-Christine VATOV, Rédactrice en chef de la revue Traits Urbains

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