La formation et la transition écologique

Le Jeudi 7 février 2019

La transition écologique va faire émerger de nouveaux marchés, de nouvelles activités et transformer les métiers. Elle requiert et requerra plus encore des compétences spécifiques.

Cet enjeu concerne tant les entreprises que les pouvoirs publics et les acteurs de la formation professionnelle initiale ou continue. Si la nécessité d’adapter ses compétences tout au long de sa vie professionnelle est vraie dans tous les secteurs économiques, les activités de la transition écologique et énergétique ont la particularité de souvent ne concerner, au moins dans un premier temps, qu’un nombre restreint de personnes et de s’appuyer sur des technologies émergentes. 

Et si la formation tout au long de la vie est par essence au cœur de l’accompagnement des changements des métiers, elle peut avoir des difficultés à les appréhender et à proposer des solutions rapidement. Tout d’abord, le développement d’une offre de formation nécessite de bien cerner les besoins des entreprises, en termes de compétences attendues, mais aussi en termes de répartition géographique des postes. L’efficacité d’une formation est renforcée si elle est organisée en lien avec les entreprises concernées, particulièrement si la formation comporte des périodes de stage en entreprise.

Par exemple, localement des initiatives aboutissent à la création de formations dédiées, sous la forme de formation complémentaire d’initiative locale, en réponse à un besoin en compétences d’une filière de l’économie verte. Ainsi plusieurs établissements ont répondu aux besoins exprimés par les entreprises de la filière de l’éolien terrestre en montant des formations ad hoc.

La création d’une formation nécessite également des investissements importants en ingénierie de formation. Auxquels peuvent s’ajouter des investissements dans du matériel dont les caractéristiques techniques sont en constante évolution. La constitution de plateaux techniques permet aux stagiaires de pratiquer les gestes métiers adaptés aux exigences de la transition écologique et énergétique. Que ce soit dans le bâtiment pour l’utilisation de matériaux innovants, dans la filière éolienne pour la maintenance des turbines ou dans le domaine forestier, les investissements sont conséquents, d’autant que le matériel peut rapidement devenir obsolète, des solutions de mutualisation d’équipement ou de partenariat organisme de formation et entreprises.

Par ailleurs, le nombre d’acteurs impliqués dans le domaine de la formation, et leurs natures diverses accentuent encore ces difficultés. Pour la formation initiale, les ministères dits certificateurs qui gèrent des diplômes ou titres professionnels sont directement impliqués dans l’évolution des compétences enseignées en collaboration avec les représentants des secteurs professionnels aux commissions de renouvellement des diplômes. Pour la formation des actifs, les organismes de formation sont nombreux, tout comme les commanditaires, branches professionnelles, conseils régionaux...

Enfin, il faut tenir compte du délai nécessaire pour adapter des diplômes nationaux, alors que le monde professionnel exige une grande réactivité.

Afin de soutenir l’effort d’adaptation des actifs aux nouveaux besoins en compétences et le développement d’offres de formation adaptée, un dialogue entre les partenaires sociaux, les acteurs du secteur de la formation et les services publics est indispensable pour définir une vision commune et si possible prospective des besoins, au niveau national et territorial.

Faire progresser la réflexion et l’action

Le ministère a souhaité mesurer l’effort d’adaptation à la transition écologique des formations des ministères certificateurs depuis 2007 à l’occasion de leur processus d’actualisation. Une étude a donc été commanditée. Elle montre une prise en compte croissante de la transition écologique. Néanmoins, le pilier environnemental prévaut sur la dimension sociétale et économique.

Une étude portant sur la qualité de l’insertion et le ressenti sur les débouchés professionnels des formations environnementales a été menée par le ministère en 2015. Celle-ci conclue que si la dégradation du marché du travail observée depuis plusieurs années affecte l’ensemble des jeunes, quelle que soit la formation initiale suivie, les jeunes formés en environnement semblent résister un peu mieux. Ceux issus de formation dans les domaines de la prévention des pollutions et de l’énergie connaissent une insertion professionnelle facilitée.

Des dynamiques à entretenir

Si le rôle joué par les acteurs économiques dans le cadre de l’apprentissage ou encore via l’offre de stages des entreprises est connu, la place importante qu’ils occupent dans la création de certifications est sous-estimée. Les partenaires sociaux, participent non seulement aux commissions d’évolution des diplômes des ministères certificateurs, mais travaillent également au sein des branches professionnelles à l’élaboration de formations et de certifications spécifiques à leur domaine d’activité et adaptées à la transition écologique et énergétique, notamment avec les certificats de qualifications professionnels, destinés à leurs salariés.

Les conseils régionaux pilotent la politique de formation et d'orientation professionnelles sur leur territoire.  Dès 2013, il a été décidé de faire de la transition écologique un des volets des contrats de plan régionaux de développement des formations et de l’orientation professionnelles.

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